• Aimé Césaire...Un grand homme et la Martinique orpheline

     

     

     

                          

                                Stupéfaction devant ma télé,le Jeudi 17 Avril,lors du journal national sur France3,j'apprenais la mort du très illustre Aimé CESAIRE,le poète de l'Universelle Fraternité,le Chantre de la Négritude,mon Maire pendant 20 ans à Fort de France...Un Grand Homme...

     

     

     

     

                                  Aimé Césaire, de son nom complet Aimé Fernand David Césaire, était un poète et homme politique français né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe (Martinique). Il fut l'un des fondateurs du mouvement littéraire la négritude et un anticolonialiste résolu.

     

     

             

                                   *   SES JEUNES ANNEES  :

     

     

                            

                                  Aimé Césaire fait partie d'une famille de sept enfants.Son père est enseignant et sa mère couturière. Son grand-père fut le premier enseignant noir en Martinique et sa grand-mère, contrairement à beaucoup de femmes de sa génération, savait lire et écrire.Elle enseigna très tôt à ses petits-enfants la lecture et l'écriture.

     

                                  De 1919 à 1924, Aimé Césaire fréquente l'école primaire de Basse-Pointe, où son père est contrôleur des contributions, puis obtient une bourse pour le lycée Victor-Schoelcher à Fort-de-France. En septembre 1931, il arrive à Paris en tant que boursier du gouvernement français pour entrer en classe d'hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand où, dès le premier jour, il rencontre Léopold Sédar Senghor, avec qui il noue une amitié qui durera jusqu'à la mort de ce dernier. Maire de Fort-de-France, il donne la priorité aux logements, aux écoles et aux équipements sanitaires. Césaire devient donc un fervent défenseur de la « départementalisation », loi de 1946, prônée par l'ensemble des progressistes d'outre-mer, intégrant les territoires ultra-marins au territoire national.

     

     

     

     

     

     

                                             

                                       - Léopold SEDAR SENGHOR,son ami de toujours -

     

     

     

     

     

     

     

                                  *  EMERGENCE DU CONCEPT DE NEGRITUDE  :

     

     

     

                                  Au contact des jeunes africains étudiant à Paris, Aimé Césaire et son ami guyanais Léon Gontran Damas, qu’il connaît depuis la Martinique, découvrent progressivement une part refoulée de leur identité, la composante africaine, victime de l'aliénation culturelle caractérisant les sociétés coloniales de Martinique et de Guyane.

     

                                 En septembre 1934, Césaire fonde, avec d’autres étudiants antillo-guyanais et africains (parmi lesquels Léon Gontran Damas, le Guadeloupéen Guy Tirolien, les Sénégalais Léopold Sédar Senghor et Birago Diop), le journal L'étudiant noir. C’est dans les pages de cette revue qu’apparaîtra pour la première fois le terme de « Négritude ». Ce concept, forgé par Aimé Césaire en réaction à l’oppression culturelle du système colonial français, vise à rejeter d’une part le projet français d’assimilation culturelle et à promouvoir l’Afrique et sa culture, dévalorisées par le racisme issu de l'idéologie colonialiste.

     

                             Construit contre l'idéologie coloniale française de l'époque, le projet de la Négritude est plus culturel que politique. Il s’agit, au delà d’une vision partisane et raciale du monde, d’un humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète. Césaire déclare en effet : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime ».

     

     

                                Ayant réussi en 1935 le concours d'entrée à l'École normale supérieure, Césaire passe l'été en Dalmatie chez son ami Petar Guberina et commence à y écrire le Cahier d'un retour au pays natal, qu'il achèvera en 1938. Il lit en 1936 la traduction de l’Histoire de la civilisation africaine de Frobenius. Il prépare sa sortie en 1938 de l'École normale supérieure avec un mémoire, « Le Thème du Sud dans la littérature noire-américaine des USA ». Épousant en 1937 une étudiante martiniquaise, Suzanne Roussi, Aimé Césaire, agrégé de lettres, rentre en Martinique en 1939, pour enseigner, tout comme son épouse, au lycée Schœlcher.

     

      

                     *  SON COMBAT CULTUREL SOUS LE REGIME DE VICHY :  

     

     

                         La situation martiniquaise à la fin des années 1930 est celle d'un pays en proie à une aliénation culturelle profonde, les élites privilégiant avant tout les références arrivant de la France, métropole coloniale. En matière de littérature, les rares ouvrages martiniquais de l'époque vont jusqu'à revêtir un exotisme de bon aloi, pastichant le regard extérieur manifeste dans les quelques livres français mentionnant la Martinique. Ce doudouisme, dont des auteurs tels que Mayotte Capécia sont les tenants, allait nettement alimenter les clichés frappant la population martiniquaise.

     

     

     

                              C'est en réaction contre cette situation que le couple Césaire, épaulé par d'autres intellectuels martiniquais comme René Ménil, Georges Gratiant et Aristide Maugée, fonde en 1941 la revue Tropiques. Alors que la Seconde Guerre mondiale provoque le blocus de la Martinique par les États-Unis (qui ne font pas confiance au régime de collaboration de Vichy), les conditions de vie sur place se dégradent. Le régime instauré par l’Amiral Robert, envoyé spécial du gouvernement de Vichy, est raciste et répressif. Dans les communes, les élus de couleur sont déposés et remplacés par des représentants des békés (descendants des colons). Dans ce contexte, la censure vise directement la revue Tropiques, qui paraîtra, avec difficulté, jusqu’en 1943.

     

     

                                   Le conflit mondial marque également le passage en Martinique du poète surréaliste André Breton (qui relate ses péripéties dans un bref ouvrage, Martinique, charmeuse de serpents). Breton découvre la poésie de Césaire à travers le Cahier d'un retour au pays natal et le rencontre en 1941. En 1943 il rédige la préface de l'édition bilingue du Cahier d'un retour au pays natal, publiée dans la revue Fontaine (n° 35) dirigée par Max-Pol Fouchet et en 1944 celle du recueil Les Armes miraculeuses, qui marque le ralliement de Césaire au surréalisme.

     

     

                                  Surnommé « le nègre fondamental », il influencera des auteurs tels que Frantz Fanon, Edouard Glissant (qui ont été élèves de Césaire au lycée Schoelcher), le guadeloupéen Daniel Maximin et bien d'autres. Sa pensée et sa poésie ont également nettement marqué les intellectuels africains et noirs américains en lutte contre la colonisation et l'acculturation.

     

     

     

     

               *  L'APRES-GUERRE ET SON COMBAT POLITIQUE : 

     

     

     

                                En 1945, Aimé Césaire, coopté par les élites communistes qui voient en lui le symbole d'un renouveau, est élu maire de Fort-de-France. Dans la foulée, il est également élu député, mandat qu'il conservera sans interruption jusqu'en 1993. Son mandat, compte tenu de la situation économique et sociale d'une Martinique exsangue après des années de blocus et l'effondrement de l'industrie sucrière, est d'obtenir la départementalisation de la Martinique en 1946.

     

     

                                  Il s'agit là d'une revendication qui remonte aux dernières années du XIXe siècle et qui avait pris corps en 1935, année du tricentenaire du rattachement de la Martinique à la France par Belain d'Esnambuc. Peu comprise par de nombreux mouvements de gauche en Martinique déjà proches de l'indépendantisme, à contre-courant des mouvements de libération survenant déjà en Indochine, en Inde ou au Maghreb, cette mesure vise, selon Césaire, à lutter contre l'emprise béké sur la politique martiniquaise, son clientélisme, sa corruption et le conservatisme structurel qui s'y attache. C'est, selon Césaire, par mesure d'assainissement, de modernisation, et pour permettre le développement économique et social de la Martinique, que le jeune député prend cette décision.

     

     

                                 En 1947 Césaire crée avec Alioune Diop la revue Présence africaine. En 1948 paraît l'Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache, préfacée par Jean-Paul Sartre, qui consacre le mouvement de la “négritude”.

     

     

                                  En 1950, il publie "Discours sur le colonialisme", où il met en exergue l'étroite parenté qu'il existe selon lui entre nazisme et colonialisme. Il y écrit entre autre choses ; "Oui, il vaudrait la peine d'étudier, cliniquement, dans le détail, les démarches d'Hitler et de l'Hitlérisme et de révéler au très distingué, très humaniste, très chrétien bourgeois du XXe siècle qu'il porte en lui un Hitler qui s'ignore, qu'Hitler l'habite, qu'Hitler est son démon, que s'il le vitupère, c'est par manque de logique, et qu'au fond, ce qu'il ne pardonne pas à Hitler, ce n'est pas le crime en soi, le crime contre l'homme, ce n'est pas l'humiliation de l'homme en soi, c'est le crime contre l'homme blanc, c'est l'humiliation contre l'homme blanc, et d'avoir appliqué à l'Europe des procédés colonialistes dont ne relevaient jusqu'ici que les arabes d'Algérie, les coolies de l'Inde et les nègres d'Afrique".

     

     

                                 S'opposant au Parti communiste français sur la question de la déstalinisation, Aimé Césaire quitte le PC en 1956, s'inscrit au Parti du regroupement africain et des fédéralistes, puis fonde deux ans plus tard le Parti progressiste martiniquais (PPM), au sein duquel il va revendiquer l'autonomie de la Martinique. Siégeant à l'Assemblée nationale comme non inscrit de 1958 à 1978, puis comme apparenté socialiste de 1978 à 1993.

     

                             

                               Aimé Césaire restera maire de Fort-de-France jusqu'en 2001. Le développement de la capitale de la Martinique depuis la Seconde Guerre Mondiale est caractérisé par un exode rural massif, provoqué par le déclin de l'industrie sucrière et l'explosion démographique créée par l'amélioration des conditions sanitaires de la population. L'émergence de quartiers populaires constituant une base électorale stable pour le PPM, et la création d'emplois pléthoriques à la mairie de Fort-de-France furent les solutions trouvées pour parer à court terme aux urgences sociales de l'époque.

     

     

                                La politique culturelle d'Aimé Césaire est incarnée par la création du Service Municipal d'Action Culturelle (SERMAC), qui par le biais d'ateliers d'arts populaires (danse, artisanat, musique) et du prestigieux Festival de Fort-de-France, met en avant des parts jusqu'alors méprisées de la culture martiniquaise.

     

                                  Son "discours du colonialisme" fut pour la première fois au programme du baccalauréat français en 1998.

     

                                  Aimé Césaire s'est retiré de la vie politique (et notamment de la mairie de Fort-de-France, au profit de Serge Letchimy), mais reste un personnage incontournable de l'histoire martiniquaise jusqu'à sa mort. Après le décès de son camarade Senghor, il est resté l'un des derniers fondateurs de la pensée négritudiste.

     

     

     

     

                                 Jusqu'à sa mort, Aimé Césaire a toujours été sollicité et influent. On notera sa réaction à la loi française du 23 février 2005 sur de prétendus aspects positifs du colonialisme qu'il faudrait rendre obligatoire dans les programmes scolaires, loi dont il dénonce la lettre et l'esprit et qui l'amène à refuser de recevoir Nicolas Sarkozy. En mars 2006, Aimé Césaire revient sur sa décision et reçoit Nicolas Sarkozy puisque l'un des articles les plus controversés de la loi du 23 février 2005 est enfin abrogé. Il commente ainsi sa rencontre : « C'est un homme nouveau. On sent en lui une force, une volonté, des idées. C'est sur cette base-là que nous le jugerons. »

     

     

                                Durant la campagne de l'élection présidentielle française de 2007, il soutient activement Ségolène Royal, en l'accompagnant lors du dernier rassemblement de sa vie publique. « Vous nous apportez la confiance et permettez-moi de vous dire aussi l'espérance. »

     

     

                               Le 9 avril 2008, il est hospitalisé au CHU Pierre Zobda Quitman de Fort-de-France pour des problèmes cardiaques. Son état de santé s'y aggrave et il décède le 17 avril 2008 au matin à 5h20.

     

     

     

     

           

                                 

     

     

     

     

     

     

                          *  L'HOMMAGE A UN GRAND HOMME  :

     

     

                           Dès l'annonce de sa mort, de nombreuses personnalités politiques et littéraires lui ont rendu hommage comme le président de la République française Nicolas Sarkozy, l'ancien président sénégalais Abdou Diouf ou l'écrivain René Depestre.

     

     

     

     

                                                 

              - CESAIRE en compagnie de l'ancien président sénégalais ABDOU DIOUF -

     

     

     

     

     

                      Ségolène Royal, appuyée par d'autres élus, a demandé son entrée au Panthéon et une pétition a été mise en ligne pour qu'il soit inhumé au Panthéon le 10 mai 2008.

     

                       La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a annoncé dans l'après-midi du 17 avril que des obsèques nationales lui seront rendues dimanche 20 avril 2008 à Fort-de-France. La présence du chef de l'État est prévue, Nicolas Sarkozy ayant par ailleurs fait savoir qu'il avait reporté sa présence aux journaux télévisés de 20h programmée à l'origine le lundi 21 avril.

     

     

     

                 

                                 *  SA BIBLIOGRAPHIE  :

                           

     

                              * Cahier d'un retour au pays natal (poésie), in revue Volontés, Paris 1939 édité en 1947 par les éditions Bordas avec une préface d'André Breton écrite en 1943 les rééditions, depuis 1956, le furent par les éditions Présence Africaine.

                              * Les Armes miraculeuses (poésie), Ed. Gallimard, Paris 1946 réédité en 1970 dans la collection de poche "Poésie" plusieurs poèmes avaient paru dans la revue Tropiques entre 1941 et 1944.


                              *  Soleil cou coupé (poésie), Ed. K., Paris 1948.

                              *  Corps perdu (poésie, illustrations de Picasso), Ed. Fragrance, Paris 1949.

                              *  Discours sur le colonialisme (essai), Ed. Réclame, Paris 1950 réédité par Présence Africaine en 1955, l'édition de 1973 est déjà la sixième.

                              *  Et les chiens se taisaient (théâtre), Ed. Présence Africaine, Paris 195 réédité en 1962 paru dès 1946 dans Les Armes miraculeuses, sous forme de poème.

                               *  Lettre à Maurice Thorez (essai), Ed. Présence Africaine, Paris 1956.

                               *  Ferrements (poésie), Ed. du Seuil, Paris 1960.

                               *  Toussaint Louverture (essai), Club Français du Livre, Paris 1960 réédité par Présence Africaine en 1962.

                               *  Cadastre (poésie), Ed. du Seuil, Paris 1961 version définitive et "résumée" des précédents Soleil cou coupé et Corps perdu.

                               *  La Tragédie du Roi Christophe (théâtre), Ed. Présence Africaine, Paris 1963 édition de poche en 1970.

                               *  Une saison au Congo (théâtre), Ed. du Seuil, Paris 1965 édition remaniée en 1967 édition du texte définitif : 1973.

                                *  Une tempête (théâtre), Ed. du Seuil, Paris 1969 avait paru en 1968, dans le n° 67 de la revue Présence Africaine.

                                *  Moi, laminaire (poésie), Ed. du Seuil, Paris 1982.

     

     

     

                          AIME CESAIRE,tu resteras dans notre Esprit et dans nos coeurs à jamais...


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