• Patrick Saint Eloi,le crooner antillais nous a quitté...

     
     
    Samedi 18 septembre 2010, à Pointe à Pitre, Patrick Saint Eloi ne chantera plus en live. L’inventeur du zouk love est décédé dans la nuit de vendredi à samedi des suites d’une très longue maladie. On le savait très malade et à plusieurs reprises déjà sa mort avait été annoncée puis démentie. En Aout 2008, lors de son inoubliable concert du Moule, il avait lui même plaisanté avec ses rumeurs de sa disparition. Son nom restera à tout jamais associé au Zouk, et a Kassav dont il a été l’un des piliers.On avait pris l’habitude de dire de lui qu’il était un « crooner ». Mais il n’était pas qu’un charmeur. Ses textes à la fois très poétiques mais toujours empreint d’un certain réalisme, donnaient souvent un sens très profond à ses chansons. Dès lors, PSE se différenciait des zouk lovers de second plan, qui eux ne font que dans le « doudouisme ». Agé de 52 ans, il était au sommet de son art. Tous ses derniers concerts, au Moule, à LAKASA, à Terre de Blues, seront pour longtemps encore dans la mémoire de ses fans, qui se recrutaient surtout chez les femmes de quarante ans et parfois plus ou moins. Dans un communiqué, Victorin Lurel, le président de la Région Guadeloupe a proposé qu’un hommage « national » soit rendu à l’auteur de « West Indies ».
     
    Patrick Saint Eloi n‘était pas en bonne santé. Plus personne ne l’ignorait. Depuis près d’une dizaine d’années, l’entourage amical et familial de l’ex-chanteur de Kassav, savait qu’une, terrible maladie le rongeait progressivement. Quand subitement il quitte Kassav en 2002, c’est un coup de tonnerre. Une grande interrogation. On croit d’abord à une mésentente entre les piliers de Kassav. Car avant lui, les Frères Décimus sont partis, puis l’un d’eux est revenu. Le monde du zouk est presque K.O. Mais le chanteur, qui s’est renseigné sur son état de santé avait déjà compris, que les tournées incessantes autour du monde, les longs voyages en avion, les nuits sans sommeil, les petits plaisirs des afters... Tout, c’était désormais fini pour lui. Alors il a raccroché en douceur, mais sans vraiment déserter la scène du zouk. Il s’est simplement fait plus rare. On le reverra en solo à L’Olympia, puis au Centre des Arts, avec Soft, Daly. Tout va bien donc ? Ou pas vraiment.

    Lors d’un des (rares) concerts à Pointe-à-Pitre, les rumeurs sur la maladie reviennent. Après son concert du Centre des Arts, il annonce la sortie d’une compil de ses plus grands succès. Ce double CD apparait comme une sorte de testament prémonitoire. Un soir les fans sont surpris de le découvrir subitement crâne rasé. Patrick n’avait-il pas sacrifié sa chevelure à une mode de rappeurs ou de basketteurs de NBA, la réalité est plus stressante. Cette brutale calvitie, n’était que le signe avant coureur de la progression de la maladie. Cette fois les fans ont compris.
    Ce n’est que fin 2007 que la nouvelle de son décès subite est la plus persistante. Mais comme pour calmer ces rumeurs, Patrick fait un étonnant show au festival de Créole Blues Marie Galante. Nous sommes en mai 2008, il n’a pas la grande forme, mais à Grand Bourg de Marie Galante, il a assuré et surtout rassuré. Plus personne ne pense à ces rumeurs infondés, même si le bruit persistant de la maladie fait son chemin. Quelques mois après à la surprise général, Victorin Lurel, et la Région décident d’offrir un « show Hommage à St Eloi » Un hommage alors qu’il est vivant ? C’est encore un signe ? Ce super concert est d’abord programmé en juillet sur l’aérodrome de Baillif à 4Km de la Basse-Terre. La promo a démarré, les zoukeurs se réjouissent déjà quand an konplosité LMC et la mairesse de Baillif, pour des soit disant raisons de sécurité, annoncent l’annulation à la veille du jour J du show. C’est un coup dur pour l’organisation, pour la Région, qui a investi mais aussi pour St Eloi, qui encaisse mal.

    Mais il ne faut jamais, dit on ici, blâmer une contrariété. Gabrielle Louis Carabin, député maire du moule, déjà en guerre froide avec LMC, et qui se rapproche déjà de Lurel, propose alors le spot du Moule. Le 13 aout 2008 vers 20H30 ; près de 30 000 personnes sont face à la mer. Méga concert gratuit. Ce soir là ; on croit après cet hommage, que Patrick fera ses adieux à la scène. Victorin Lurel lui remet un « Eloi d’or » récompense suprême. Son fils en guest star, vient le rejoindre sur scène. Le concert est musicalement historique. Il se défonce et donne tout ce qu’il a dans le ventre. Qui n’a pas vu ce concert, aura raté l’une des plus importantes dates de l’histoire du zouk guadeloupéen Patrick est sublime. Ses admiratrices, ces milliers de femmes qui depuis leur adolescence à Paris et sa banlieue, dans les petites et grandes villes de province, à Pointe-À-Pitre, St François, Moule, Capesterre ont grandi, zouk lové au son de sa voix croient le voir pour la dernière fois sur scène, sont au bord de la syncope. Mais Patrick ce soir là, ne dira pas adieu.
     
    Le succès de Saint Eloi, s’explique d’abord par son talent vocal et la qualité des mélodies qu’il interprète. Elles sont très rares les chansons de Patrick Saint Eloi qui n’ont pas été, et qui restent encore des tubes indémodable.Il est dit-on l’inventeur du Zouk Love. Quand il rejoint Kassav, il n’arrive pas les mains vides, car il a déjà tout un répertoire distillé par ses deux premiers albums : West indies, Ballade créole et au fil des ans, en dépit du succès grandissant de Kassav, il fait parallèlement sa carrière. Il est à la fois, dedans et dehors. D’ailleurs, il faut remarquer que les leads vocaux de Kassav suivront le même chemin ; Jocelyne Béroard, Jean-Philippe Marthély feront tous des albums en solo, mais Patrick domine de très loin ses collègues.

    Patrick est donc entré de son vivant dans le panthéon des grands chanteurs de la Guadeloupe et du monde. Plus de 30 ans après leur disparition, on parle encore de Jacques Bracmort, et de Paul Blamard, des voix aujourd’hui disparues, mais qui sont inoubliables

    Lui qui souffrait le martyre dans un hôpital pointois, peut s’en aller tranquillement. Ce sera la plus grande perte du zouk contemporain, mais son œuvre est définitivement posée. Ses chansons sont à jamais dans les têtes dans les cœurs. Patrick St Éloi, ne sera sans doute jamais égalé. Sa voix, son talent, ses mélodies sont proches d’une certaine perfection. Il sera très difficile au zouk de faire mieux. Comme il le disait lui même dans une de ses chansons : « ki jan ou ké fé, sé prézans aw ki ka met on gran jwa adan vi an mwen, sé absans aw ka met on gran dout a dan vi an mwen… » C’est surement vrai, dira le chœur des fans en larmes.
     
    Vous pouvez découvrir en fond sonore l'un des succès de Patrick Saint Eloi "Ki jan ké fè".
     
     

  • Commentaires

    1
    JP
    Samedi 2 Octobre 2010 à 20:37
    bien triste, le zouk love j'en ai écouté avant -hier et le cd est encore dans la voiture alors je vais écouter encore, il a un bien joli son, paix à son âme et là haut il y a plein de mondes qui aimeront ses titres!
    bonne soirée Couli à toi et ta petite famille
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    Dimanche 3 Octobre 2010 à 10:22
    Ben dis donc, j'en apprends en te lisant. Je ne savais qu'il était avec Kassav.
    C'est toujours triste de partir si tôt. Mais il a laissé une oeuvre derrière lui et ça c'est inestimable !
    Bon dimanche Mister Babou.
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