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Lumina Sophie dite Surprise, une femme engagée!
Cette année, les fêtes du 22 Mai, célébrant l'abolition de l'esclavage, le 22 Mai 1848, sont consacrées à une femme d'exception, d'une forte personnalité, engagée dans la bataille de l'amélioration des conditions de vie de son peuple et par conséquent, pour l'abolition de l'esclavage.Plusieurs expositions lui sont consacrées, notamment à Ravine TOUZA, dans la commune de SCHOELCHER, en Martinique.
LUMINA SOPHIE dite SURPRISE naît le 5 novembre 1848, juste après l’abolition de l’esclavage, en Martinique au Vauclin à l’habitation LA BROUE. Elle est enregistrée à l’état civil sous le nom de MARIE PHILOMENE SOPHIE, fille de Marie Sophie dite ZULMA. Peu après le patronyme donné à sa mère et à elle-même sera celui de Roptus.
La petite enfance de Surprise, se déroule à l’habitation LA BROUE, où se met en place la nouvelle vie des nouveaux libres à partir du second semestre de l’année 1848, avec les contrats d’association qui laisse en jouissance aux travailleurs les cases et un petit lopin de terre.
La famille de la petite fille est majoritairement composée de femmes et sa grand mère, Reine SOPHIE veille à la gestion du « jaden boy Kay » où s’activent sa mère et ses tantes pendant que les hommes dans le « jaden nèg » se donnent à la culture des gros légumes de caféiers, cacaoyers et de bananiers. A la mort de sa grand-mère, la famille se disperse, et c’est la rupture avec la famille élargie. Surprise à 6 ans Zulma sa mère se retrouve à la tête d’une famille monoparentale qu’elle installe sur l’habitation Champfleury entre VAUCLIN et RIVIERE PILOTE. Zulma a plusieurs cordes à son arc, elle est couturière, cultivatrice, marchande mais aussi journalière sur les habitations voisines. Surprise, apprend la couture, accompagne sa mère au marché, et lors des récoltes de la canne à sucre et du café. Elle fait ainsi l’apprentissage des conditions de vie des ouvriers et des paysans.
Au début de l’année 1870, Surprise a 21 ans, résistante, et dotée d’une forte personnalité. C’est une jeune femme autonome qui a gardé le contact avec le « pays sucrier » où elle est journalière par moments, vendeuse sur les marchés du hameau de Josseaud et du bourg de Rivière Pilote. Elle fréquente les artisans du bourg, cultivatrice et couturière rurale elle partage l’amertume des paysans des mornes. Son concubinage avec Emile SIDNEY, issu d ’une famille de libres de couleur d’avant l’abolition de l’esclavage, contribue à lui donner un regard averti sur le quotidien des populations rurales, imposées inéquitablement, méprisées et écartées de l’instruction.
En 1870, Léopold LUBIN , un noir du Marin , membre d’une famille d’entrepreneur de travaux publics est lourdement condamné dans une affaire l’opposant à Augier de MAINTENON , jeune européen , commissaire de marine et chef de service au bourg du Marin. Un mouvement de solidarité active à laquelle s’associe LUMINA se développe. A cette affaire s’ajoute l’affaire CODE. CODE est un Béké, propriétaire de l’habitation LA MAUNY, auteur d’un drapeau blanc hissé en nostalgie des temps esclavagistes, membre du jury d’assises dans l’affaire LUBIN qu’il se vante publiquement d’avoir fait condamner. Les habitants des campagnes sont en colère contre les provocations de CODE et de l’injustice faite à LUBIN. LUMINA, est solidaire du mécontentement populaire. En septembre 1870, sur la place du marché de Rivière Pilote, on la retrouve avec les autres manifestants, hurlant la libération de LUBIN. Le 22 septembre la population du Sud de la Martinique et notamment celle de Rivière Pilote se soulève.
LUMINA fait partie des insurgés. Elle est enceinte de deux mois. Elle participe à la marche vers la MAUNY avec l’ «armée» de TELGA. L’insurrection est rapidement vaincue et LUMINA est arrêtée le 26 septembre 1870 à Régale sur l’Habitation Eugène LACAILLE, et sera incarcérée au FORT DESAIX.
Plusieurs chefs d’accusation sont retenus contre elle. Son premier procès se tiendra du 17 mars au 17 avril, on la présente comme une femme qui cherche à dominer les hommes. Le gouverneur de l’époque l’identifie comme la « flamme de la révolte », les témoins à charge parle de la « reine de la compagnie, la plus féroce, la plus terrible des chefs de bande, la maniaque de l’incendie.. ». Malgré sa présence, dans les événements de RIVIERE PILOTE, on ne retient pas contre elle l’accusation de complot, ni le commandement de troupes armées. Elle est relaxée le 17 avril de ce chef d’accusation mais d’autres charges pèsent sur elle.
Le 28 avril 1871 elle accouche, à la prison centrale de FORT de FRANCE, d’un garçon que l’administration pénitentiaire nomme Théodore LUMINA. L’enfant est immédiatement séparé de sa mère.
Le 2ème procès de LUMINA se déroulera du 22 mai au 8 juin 1871. Elle sera punie, pour révolte contre l’aristocratie des planteurs, pour blasphème, pour avoir menacé les hommes et pour vouloir les dominer, pour avoir mis le feu à 3 habitations.
Le 8 juin 1871 LUMINA est condamnée aux travaux forcés à perpétuité pour incendie et participation active à l’insurrection.
LUMINA SOPHIE arrive au bagne de SAINT LAURENT DU MARONI, en GUYANE le 22 décembre 1871. Théodore meurt à 14 mois, à la prison de FORT de FRANCE, le 10 juillet 1872.
Elle est contrainte d’épouser 7 ans après, le 4 Aout 1877, Marie Léon Joseph FELIX un bagnard, un paysan originaire du nord de la France. Elle meurt d’épuisement, de maladie et de mauvais traitements, le 15 décembre 1877 à SAINT LAURENT DU MARONI. Elle est alors âgée de 31 ans.
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Commentaires
1melizanaVendredi 22 Mai 2009 à 08:11bonjour, surprise ce matin, tu as retir?es blogs de BW ou bien est ce une erreur de l'annuaire, ayant un kaz?avec le pseudo de melizana je suis pass?par l?our te retrouver. Bon vendredi. Bisous. Krisd?sRépondre2MonaZimbaSamedi 23 Mai 2009 à 02:10Merci pour cet article je découvre la vie de cette femme courageuse et engagée
Hélas toujours l'injustice...
A bientôt Couli, bon week end
Mona3TachkaDimanche 24 Mai 2009 à 19:31Super intéressant, j'ignorais totalement....
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