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                                              Je vous propose de découvrir ce soir, un insecte typique des ambiances nocturnes antillaises, j'ai nommé le phasme.Cette grande sauterelle émet des sons qui rappelent étrangement le bêlement du cabri et berce les nuits, de même que les grenouilles et autres insectes.      

     

                       Vernaculairement appelé phasmes, cet insecte compte plusieurs milliers d'espèces (estimation de 2 500 à 3 000 espèces). Environ 300 se trouvent actuellement en élevage (ou ont été élevées). On trouve trois espèces sur le territoire français métropolitain, essentiellement dans la moitié sud du pays, et le long du littoral Atlantique :

     

           Clonopsis gallica : le phasme gaulois (moitié sud du pays jusqu'en Bretagne)

           Leptynia hispanica : le phasme espagnol (méditerranéen)

           Bacillus rossius : le phasme de Rossi (méditerranéen)

     

     

                                         

     

     

     

                     La majorité des espèces a une distribution tropicale et équatoriale (Asie, Amérique et Océanie). Ils sont plus rares en Afrique continentale. On trouve notamment de nombreuses espèces dans les départements d'outre-mer, notamment en Guyane française.

     

     

                  Mode de vie des phasmes :

     

                     Les phasmes sont des insectes herbivores, plus précisément phytophages, se trouvant ainsi en bas de la chaîne alimentaire (on observe exceptionnellement des cas de cannibalisme en captivité en raison de la promiscuité des enceintes d'élevage). Leur principaux prédateurs sont des oiseaux, de petits mammifères (Lémuriens, certains rongeurs), des insectes (Mantes religieuses, fourmis, punaises), et des araignées.

     

     

                                                           

                                                                 - Le phasme du Pérou -  

     

     

     

     

                     Pour survivre, ils se fondent dans leur environnement en imitant à la perfection des brindilles, des feuilles mortes ou vertes, voire des lichens. On parle dans ce cas d'homotypie et d'homochromie ("même forme, même couleur"). Ce camouflage est poussé jusque dans leur façon de se mouvoir, puisqu'ils se déplacent lentement, par à-coups, comme une branche ballottée par le vent. La plupart peuvent également rester parfaitement immobiles pendant des heures. Certaines espèces disposent en outre de moyens de défense, leurs glandes prothoraciques sécrétant alors diverses substances toxiques. Ceux-ci arborent parfois des couleurs aposématiques, ne se confondant pas dans l'environnement comme leurs cousins cités précédemment.

     

     

     

     


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                  Je vais,dans cette nouvelle rubrique,vous décrire un bon nombre de croyances populaires créoles,bien encrées dans la tradition :           

                     Aujourd'hui je vais vous parler du DORLIS  

             

               Dans la faune des superstitions antillaises,le dorlis est une spécialité martiniquaise,(les autres îles semblent l’ignorer). C’est généralement un incube,autrement dit une créature de sexe  masculin qui se faufile la nuit par un interstice quelconque dans la paroi de la case ou par le trou de la serrure et fait subir aux jeunes filles et même aux femmes les derniers outrages, paraît-il,sans les déranger dans leur sommeil. Elles se réveillent simplement le lendemain toutes griffées et parfois enceintes de ses œuvres. S’il y a un mari présent, le dorlis s’enduit de graisse pour échapper aux prises et le neutralise en lui manipulant le gros orteil.

                           La seule parade est de porter des sous-vêtements noirs ou de laisser dans la chambre une coupe remplie de sel ou de sable marin,dont le dorlis devra compter tous les grains avant de pouvoir entrer en action, ce qui laissera à l’aurore le temps de faire son apparition et de l’anéantir.Autre parade pour contrer le dorlis,poser un balai à l'envers contre la porte de la chambre.Tant que j'y pense,toujours dans les superstitions antillaises,lorsqu'on ne veut pas être dérangé chez soi par des tiers,on emploi le même procédé du balai.

               Bien d’autres exemples montrent des similitudes entre les pays lusophones et les îles de la Caraïbe.Le cas du Zombi, par exemple.

     

     

     


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                               Partir.
    Comme il y a des hommes-hyènes et des hommes-
    panthères, je serais un homme-juif
    un homme-cafre
    un homme-hindou-de-Calcutta
    un homme-de-Harlem-qui-ne-vote-pas



    l'homme-famine, l'homme-insulte, l'homme-torture
    on pouvait à n'importe quel moment le saisir le rouer
    de coups, le tuer - parfaitement le tuer - sans avoir
    de compte à rendre à personne sans avoir d'excuses à présenter à personne
    un homme-juif
    un homme-pogrom
    un chiot
    un mendigot



    mais est-ce qu'on tue le Remords, beau comme la
    face de stupeur d'une dame anglaise qui trouverait
    dans sa soupière un crâne de Hottentot?




    Je retrouverais le secret des grandes communications et des grandes combustions. Je dirais orage. Je
    dirais fleuve. Je dirais tornade. Je dirais feuille. Je dirais arbre. Je serais mouillé de toutes les pluies,
    humecté de toutes les rosées. Je roulerais comme du sang frénétique sur le courant lent de l'oeil des mots
    en chevaux fous en enfants frais en caillots en couvre-feu en vestiges de temple en pierres précieuses assez loin pour décourager les mineurs. Qui ne me comprendrait pas ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre.
    Et vous fantômes montez bleus de chimie d'une forêt de bêtes traquées de machines tordues d'un jujubier de chairs pourries d'un panier d'huîtres d'yeux d'un lacis de lanières découpées dans le beau sisal d'une peau d'homme j'aurais des mots assez vastes pour vous contenir
    et toi terre tendue terre saoule
    terre grand sexe levé vers le soleil
    terre grand délire de la mentule de Dieu
    terre sauvage montée des resserres de la mer avec
    dans la bouche une touffe de cécropies
    terre dont je ne puis comparer la face houleuse qu'à
    la forêt vierge et folle que je souhaiterais pouvoir en
    guise de visage montrer aux yeux indéchiffreurs des
    hommes




    Il me suffirait d'une gorgée de ton lait jiculi pour qu'en toi je découvre toujours à même distance de mirage - mille fois plus natale et dorée d'un soleil que n'entame nul prisme - la terre où tout est libre et fraternel, ma terre.



    Partir. Mon coeur bruissait de générosités emphatiques. Partir... j'arriverais lisse et jeune dans ce pays mien et je dirais à ce pays dont le limon entre dans la composition de ma chair : « J'ai longtemps erré et je reviens vers la hideur désertée de vos plaies ».



    Je viendrais à ce pays mien et je lui dirais : Embrassez-moi sans crainte... Et si je ne sais que parler, c'est pour vous que je parlerai».
    Et je lui dirais encore :
    « Ma bouche sera la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche, ma voix, la liberté de celles qui s'affaissent au cachot du désespoir. »


    Et venant je me dirais à moi-même :
    « Et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l'attitude stérile du spectateur, car la vie n'est pas un spectacle, car une mer de douleurs n'est pas un proscenium, car un homme qui crie n'est pas un ours qui danse... »

     

     

     

                                                         

     

     

     

     


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                     Né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France, Frantz Fanon, cinquième enfant dans une famille mulâtre de huit, reçoit son éducation secondaire au lycée Schoelcher où Aimé Césaire l'influencera. Fanon deviendra un penseur-phare du Tiers-mondialisme et de l'anti-colonialisme.

     

                 En 1943, Fanon rejoint les forces françaises libres à la Dominique. Luttant côte à côte avec les « tirailleurs sénégalais », il est décidé à libérer la mère-patrie du nazisme. À ses amis qui lui disent que cette guerre n'est pas la leur, Fanon répond : « Chaque fois que la dignité et la liberté de l'homme sont en question, nous sommes concernés, Blancs, Noirs ou Jaunes, et chaque fois qu'elles seront menacées en quelque lieu que ce soit, je m'engagerai sans retour ».** Son idéalisme prend alors une tournure marquante car la seconde guerre mondiale révèle au descendant d'esclaves que la France qui leur avait inculqué un sens du patriotisme tricolore, avait également instillé dans l'esprit martiniquais et guadeloupéen un complexe de supériorité par rapport aux Africains. La condescendance pour d'autres frères soldats d'Afrique, la différenciation sentie chaque jour entre troupes françaises et celles des colonies, la hiérarchie dans l'armée et les administrations mettent Fanon mal à l'aise. Ces années de guerre l'engageront sur la double piste d'une libération mentale et physique.

     

                   Fanon entame des études de médecine à Lyon, loin de Paris, parce que, plaisantait-il, « il y a trop de nègres à Paris » et qu'il voulait s'y « lactifier » (cité par Manville). La médecine – aussi bien que des cours de philosophie et de psychiatrie – lui permet de voir plus clair dans le processus complexe de la colonisation et dans la désubjectivation du colonisé. La médecine est une porte qui conduit Fanon vers la psychologie en milieu colonial, c'est-à-dire une branche de la psychologie qui prend en compte l'univers de la violence et l'aliénation du colonisé. Il se désespère, lorsqu'il pratique en Normandie (Pontarson), que la nosographie soit occidentale, inapte à servir de cure au malade social et/ou colonial et en Algérie, il s'indignera des pratiques carcérales moyenâgeuses. En Algérie, Fanon fera adapter de nouvelles structures, la sociothérapie (la guérison par des pratiques sociales) et l'ergothérapie (la guérison par la pratique de métiers) et introduira des données spécifiquement « postcoloniales ». Préoccupé par le racisme qu'il affronte dans la vie quotidienne, il publie Peau noire, masques blancs en 1952, sa thèse de doctorat en psychiatrie.

     

                  Peau noire, masques blancs dénonce d'emblée la citoyenneté de façade imposée par la politique assimilationniste, grandement intériorisée par la conscience antillaise. À travers l'opposition entre l'être et le paraître, Fanon opte pour le singulier de la couleur et le pluriel pour ses « masques ». De fait, confondus avec les Africains et les Africains Américains, les Antillais ont réagi par leurs attitudes et comportements mimétiques différents : du mimétisme le plus complet à la résistance à tout mimétism. Pour faire sauter l'invisibilité que leur fait vivre la France, les manières sont effectivement multiples. Elles varient d'un mimétisme total (Homi Bhabha, « not quite, not white ») à l'auto-dérision et l'auto-destruction par le déni de cette part de son identité « criante », visible alors même que les Blancs le traitent d'invisible (Ralph Ellison). Fanon est devancé par un nombre d'Africains Américains qui à leur tour annonçaient les chefs de file de la « Harlem Renaissance », tel Edward Blyden.

     

                 Responsable de l'hôpital psychiatrique à Blida de 1953 jusqu'à 1956, Fanon soigne de jour les blessés parmi les soldats français, de nuit plutôt les victimes de l'oppression coloniale. Il s'engage dans le politique car, comme il l'écrira dans sa lettre de démission, il y a un lien entre la psychose et l'aliénation colonialiste : « La folie est l'un des moyens de l'homme de perdre sa liberté. [...] Si la psychiatrie est une technique médicale qui se propose de permettre à l'homme de ne plus être étranger à son environnement, je me dois d'affirmer que l'Arabe, aliéné permanent dans son pays, vit dans un état de dépersonnalisation absolue ».

     

                  Fanon importune parce qu'il voit plus large que son île : il dissèque les corrélations entre différentes sphères de la société coloniale ; sous l'angle sociologique, philosophique et psychanalytique, il aborde la question de la (dé)colonisation en connectant plusieurs ères. Rassemblant Algériens et Antillais – « nous portions la calotte et eux la chéchia » (Manville) – Fanon est allergique à tout autoritarisme. La lutte tenace et la guerre fort inégale entre colonisateurs et colonisés lui révèlent les divergences dans les expériences de colonisation et de colonies : car si les Antillais ont opté pour rester dans le giron de la France-mère, l'Algérie et d'autres nations colonisées par la France paieront un lourd tribut pour l'indépendance.

     

                   De jour, Fanon soigne les blessés français, les soldats effondrés par les brutalités commises ; de nuit, Fanon traite les victimes de l'oppression coloniale. Constatant la vanité d'un traitement intra muros si la société extra muros tout entière est malade, Fanon décide de ne plus exercer. Deux ans après le déclenchement de la guerre de libération, Fanon démissionne de son poste à Blida.

     

                    Il sera expulsé d'Algérie en 1957 par les autorités françaises et s'installera à Tunis, où il rejoint le Gouvernement provisoire de la République algérienne. Il devient membre de rédaction d'El Moudjahid, organe important du FLN (le Front de libération nationale) et en 1959, fait partie de la délégation algérienne au Congrès pan-africain d'Accra. En mars 1960, Fanon est nommé ambassadeur de l'Algérie au Ghana et assume un rôle diplomatique. Il publie L'An V de la révolution algérienne en 1959 et Les Damnés de la terre en 1961.

     

                   Mort à Washington le 6 décembre 1961 d'une leucémie aiguë, Fanon a été inhumé au cimetière de Chouhadas, toponyme qui signifie aussi « les martyrs de la guerre », près de la frontière tunisienne, à quelques mois de l'Indépendance.

     

                  Au carrefour de plusieurs disciplines, Frantz Fanon a été le meilleur pionnier et passeur d'études postcoloniales : n'est-ce pas lui qui inspire directement Homi Bhabha qui écrit une préface à la traduction de Peau noire, masques blancs ? N'est-ce pas lui encore qui est cité par Edward Saïd dans Orientalisme et Culture et Impérialisme ? Par son utilisation du concept de mimétisme, Fanon est au berceau des études postcoloniales.

     

                  Les traductions des essais de Fanon sont nombreuses. Dans sa deuxième traduction en anglais (2004), on présente Les Damnés de la terre comme livre essentiel sur la réorganisation sociale pour les dirigeants des nations naissantes, d'une importance majeure sur les revendications des droits civiques et pour les mouvements anti-colonialistes et des consciences noires à travers le monde. D'une actualité brûlante, l'œuvre fanonienne continue de lancer des étincelles de révolte justifiée et de lutte acharnée contre toutes les inégalités.

     

     

     

     


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                               Je vous propose de découvrir, l'une des nombreuses habitations présentes sur l'île, qui font partie intégrante du patrimoine de la Martinique.Aujourd'hui, l'habitation Clément : 

     

                               Une très belle habitation transformée en musée. La maison de maître, classée monument historique, offre l'occasion unique de s'immerger dans le mode de vie des planteurs du XIXème siècle et de découvrir l'architecture et le mobilier créole d'époque. L'habitation Clément accueille aussi une ancienne distillerie de rhum et ses chais de vieillissement.

     

     

     

     

     

     

                            C’est au sein d’un très beau parc aux nombreux arbres centenaires que l’on découvre d’abord les chais et les vieux bâtiments industriels de l’exploitation, avant de deviner, en haut d’un morne surplombant le domaine, la présence de la maison de maître, en partie cachée par la végétation. Magnifiquement restaurée, luxueusement meublée, cette maison ou « Grand’Case » est avec la Caféière Beauséjour en Guadeloupe, un des plus beaux exemples, de l’architecture créole du XIXème siècle. Un condensé de l’évolution mouvementée des habitations aux Antilles, aussi. 

     

     

     

     



                              Fondée en 1798 par Louis Hodebourg Desbrosses et Simon de Bassigny, l’Habitation Acajou qui deviendra plus tard, au fil de ses nombreux changements de propriétaires, l’Habitation Clément, est un domaine d’une surface relativement modeste. A cette époque, les propriétaires n’habitant pas sur place, la maison de maître se résume à une simple case où loge le Géreur. Pour lui, pas de grand luxe. Les quelques meubles sont d’une grande simplicité, et les mètres carrés comptés. L’important c’est l’efficacité. Du haut de son morne, celui-ci peut contrôler facilement le travail dans les champs de canne à sucre.

     


                              Ce n’est qu’au milieu du siècle suivant que l’Habitation Clément va prendre son aspect actuel. Françoise de Franqueville qui rachète le domaine en 1844 décide en effet d’y habiter, et fait réaménager à grands frais la case initiale. Celle-ci n’est pas détruite, et sert encore aujourd’hui de noyau au bâtiment. Entourée d’une galerie, et déjà considérablement agrandie, la case qui ne comptait qu’un seul niveau, se voit aussi adjoindre un étage, dans lequel sont aménagés les chambres et le bureau du planteur, tandis que le rez-de-chaussée est consacré uniquement aux pièces à vivre ou de réception.

     

     

     

     


     
                              L’adaptation de la maison au climat est remarquable. Ses concepteurs vont utiliser ici toutes les astuces connues à l’époque pour rendre la vie plus facile dans les régions tropicales. Déjà protégée des ardeurs du soleil par le couvert généreux des arbres du parc, la maison de maître se voit ainsi protégée de l’humidité par une surélévation en terrasse et des façades en petits panneaux de bois tropicaux imputrescibles. La circulation de l’air est également particulièrement soignée. Les galeries latérales sont percées de nombreuses fenêtres à jalousie conçues pour assurer un courrant d’air constant à l’intérieur du bâtiment, et les pièces du rez-de-chaussée, largement ouvertes les unes sur les autres, ne comportent aucune porte qui pourrait gêner le bon écoulement des Alizés.

     

     

     

     



                                 De spartiate le mobilier initial évolue lui aussi vers plus de luxe et de confort. Le style marie éléments de décoration classiques importés d’Europe et inspirations créoles. La plupart des meubles sont en teck comme la jolie table ronde du salon, ou en courbaril comme l’imposant lit à colonnes du maître des lieux.



                                  Vers 1900 Homère Clément, nouveau propriétaire du domaine, va continuer l’embellissement de la maison en faisant remplacer le sol un peu frustre des galeries, initialement en carreaux de terre cuite, par un très beau dallage de mosaïques polychromes.

     

     

     

     

     


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